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Stras et Pixels
28 octobre 2014

« Ce que jouer nous apprend », interview de Laurent Di Filippo

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Laurent Di Filippo m'a accordé une interview pour le cycle de conférences « Ce que jouer nous apprend » au mois de novembre dans le cadre de la 12e édition du Don des Dragons.

 

  • Tu es à l'initiative de la série de conférences sur le jeu qu'organise pour le mois de novembre le Jardin des sciences de l'Université de Strasbourg. Peux-tu nous présenter ce qu'est le Jardin des sciences, et ce qui vous a conduit à retenir ce thème ?

Le Jardin des sciences est le service de diffusion de la culture scientifique et technique de l’Université de Strasbourg. Son rôle est de participer à l'ouverture et la promotion de la recherche auprès du grand public, à travers un grand nombre de manifestations diverses, telles que des cycles de conférences mensuelles sur des thèmes variés, permettant un débat sciences-citoyens sans cesse renouvelé. C'est dans ce cadre que s'ancre la série de conférences sur le jeu que nous avons intitulé « Ce que jouer nous apprend ».

Au départ, nous souhaitions organiser quelques conférences sur le thème du jeu en tant que membres de l'association Amaranthe et dans le cadre de la convention de jeu le « Don des dragons ». Nous avons proposé ce projet au Jardin des sciences qui a été immédiatement intéressé et a proposé d'en faire un cycle d'un mois. Le projet était né !

 

  • Le thème porte sur le jeu en général, mais on voit que les conférences font intervenir des spécialistes du jeu vidéo surtout. Est-ce à dire que le jeu vidéo a relancé l'intérêt des chercheurs pour le jeu ?

C'est certain. En tant qu'industrie culturelle majeure, tant par son poids économique que par sa visibilité, les jeux vidéo ont attiré l’intérêt de nombreux chercheurs dans presque toutes les disciplines. Il s'agit de phénomènes sociaux dont l'importance est grandissante et qu'il est nécessaire d'analyser si l'on veut comprendre nos sociétés contemporaines. Mais il ne faut pas penser que l'intérêt pour les études sur le jeu était marginal avant cela. De grands chercheurs, notamment en France, se sont intéressés aux phénomènes ludiques voilà déjà de nombreuses décennies aux côtés d'autres objets d'étude plus traditionnels. Ce qui marque la tendance actuelle des études sur les jeux vidéo est sans doute la spécialisation dans ce domaine.

En ce qui concerne les conférenciers choisis, il s'avère que plusieurs chercheurs strasbourgeois travaillent sur ces thématiques, comme Patrick Schmoll et Michel Nachez qui abordent ces sujets depuis plus de dix ans.

 

  • Quel type de public attendez-vous ? Et quels types de questions ? D'habitude, il faut bien le dire, les joueurs jouent, et ce sont les parents inquiets qui assistent aux conférences.

L'objectif des conférences du Jardin des sciences est de proposer des espaces de rencontre entre chercheurs et grand public, et non pas seulement entre universitaires. Nous attendons donc des personnes de tous horizons. Il s'agit de montrer les réflexions qu'il est possible de porter sur ces objets et comment, au-delà des simples phénomènes ludiques, ils permettent de penser des notions plus larges comme l'identité, l'éducation ou la culture. Il peuvent servir à repenser des processus que l'on pensait bien connus. Nous espérons ainsi amener le public à s'interroger sur les possibilités que les réflexions sur le jeu ouvrent de manière plus générale. Pour prendre un exemple que je connais bien, en cherchant dans les jeux contemporains des éléments culturels issus de traditions anciennes, on peut s'interroger sur ce qu'est la culture et comment celle-ci évolue et se transforme au cours du temps.

D'ailleurs, il a volontairement été décidé de laisser de côté les questions d'addiction et de violence déjà largement traitées par ailleurs pour se concentrer sur d'autres aspects qu'il est possible d'aborder à travers l'étude des jeux : les questions culturelles, d'apprentissage, de nouvelles formes de socialisation, d'information, de construction de soi. On essaie ainsi de sortir de certains clichés habituels que l'on retrouve dans les discussions autour de ces questions et d'élargir les perspectives.

Par exemple, comme tu le dis, on a souvent en tête l'idée que les jeux sont destinés aux enfants. Mais en réalité, il n'y a pas que des enfants qui jouent, bien au contraire. De nombreux adultes et parents s'adonnent eux-aussi à des activités ludiques variées et les jeux vidéo ne sont qu'un type de jeux parmi d'autres.

 

  • Tu donnes toi-même une conférence dans le cadre de la 12e édition du Don des Dragons (une convention de jeu au bénéfice du Téléthon), le 28 novembre. Tu peux nous parler de tes recherches actuelles et de tes projets ?

Actuellement, je suis doctorant en sciences de l'information et de la communication au Centre de recherche sur les médiations de l'université de Lorraine (CREM - EA 3476) et en études scandinaves à l'université de Bâle. Ma thèse porte sur l'utilisation d'éléments de mythologie nordique dans les jeux de rôle en ligne massivement multi-joueurs avec un cas d'étude sur le jeu Age of Conan. Ce jeu est basé sur l'univers de Conan, le fameux barbare, un personnage inventé dans les années 1930 par l'auteur texan Robert E. Howard, l'un des pères fondateur de la fantasy. À travers cette recherche, j'essaie de mieux comprendre comment se construisent les productions culturelles contemporaines et ce qu'elles empruntent à des traditions passées. À côté de cela, je m'intéresse également à des thèmes comme la réflexivité en science et le transmédia.

Du côté des projets, après avoir été président de l'association des jeunes chercheurs de mon laboratoire, l'AJC CREM, je me suis engagé dans la mise en place d'un réseau interassociatif de jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales, ResoSHS. Je participe aussi au comité de rédaction de la revue pluridisciplinaire et en ligne Interrogations.

Et pour rester sur le thème du jeu, nous organisons également avec des collègues lorrains une conférence sur le thème « Des jeux traditionnels aux jeux numériques » qui aura lieu du 26 au 28 novembre à Nancy.

 

 Pour plus d'informations sur ses travaux : http://laurent.di-filippo.fr/

 


 

Sélection musicale de Laurent ! Extrait de la BO d'Age of Conan dont les paroles sont reprises d'un poème de la mythologie nordique :

 

1. Knut Avenstroup Haugen - "Ere the World Crumbles..."

 

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